D’abord considéré comme une activité ornithologique de loisir, le suivi de la migration des oiseaux depuis des sites stratégiques est aujourd’hui reconnu comme un outil très efficace pour diagnostiquer les changements populationnels ou du comportement migratoire des populations migratrices d’oiseaux. L’exemple le plus connu est le réseau que forment les dizaines de sites de suivi des oiseaux de proie en Amérique du Nord. Ce réseau a pour but de coordonner les efforts sur les différents sites afin de détecter les tendances populationnelles des rapaces nord-américains. Pour les oiseaux marins, plusieurs sites assurent le suivi de ces espèces en Amérique du Nord (Avalon – New-Jersey, Whitefish Point – Michigan, pour les deux principaux), mais leur nombre n’est pas encore assez important et le réseau pas assez structuré pour permettre une même coordination.
À l’échelle locale, il n’y a que deux sites qui effectuent un suivi régulier dans l’Est du Canada. Le premier suivi est assuré depuis la pointe Lepreau (Nouveau-Brunswick) au sud de la baie de Fundy depuis 1996. Les inventaires réalisés jusqu’en 2012 ont permis de mesurer un déclin d’environ 3-4% par an pour les trois espèces de macreuses et l’Eider à duvet (Rapport de l’Observatoire d’Oiseaux de Pointe Lepreau, 2014). Le deuxième site est le Quai de Pointe-au-Père, coordonné par l’Observatoire d’Oiseaux de Rimouski. Après un suivi sporadique par quelques observateurs depuis 2013, c’est en 2016 qu’un suivi printanier exhaustif standardisé a été initié et renouvelé depuis. Ce suivi est particulièrement pertinent pour certaines espèces comme le Plongeon catmarin (⁓10.000 individus par saison), l’Harelde kakawi (⁓5000) ou le Harle huppé (⁓3500), mais les données récoltées les deux dernières années ont confirmé le potentiel fort intéressant pour d’autres espèces à l’automne, en particulier pour les 3 espèces de macreuses (⁓10.000 macreuses à front blanc et à ailes blanches, >25.000 Macreuses à bec jaune), l’Eider à duvet (>70.000 en 2019) mais aussi pour l’Harelde kakawi (⁓5000), le Guillemot à miroir (⁓3600) le Plongeon huard (⁓2000) et le Grèbe jougris (60) entre autres. Le renforcement du réseau de sites permettrait de conforter/confirmer ces tendances globales ou de mesurer la variation régionale pouvant être observée entre les sites. L’est du Canada a un rôle clef pour le suivi des populations d’oiseaux à répartition septentrionale et la période de migration, en particulier dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, est une période stratégique pour assurer l’inventaire de ces espèces.
Malgré l’importance du corridor migratoire du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent, le quai de Pointe-au-Père est le seul site de veille des populations migratrices d’oiseaux marins, permettant de décrire et de mesurer le flux migratoire survenant dans ce corridor. Ainsi, les objectifs de ce projet sont :
- assurer le suivi exhaustif au printemps 2021 du quai de Pointe-au-Père;
- développer des fiches simplifiées et grand public pour l'identification des oiseaux marins en vol afin de bénéficier d'un visuel permettant de faciliter l'apprentissage de cette activité particulièrement spécialisée.