Quelle nourriture offrir aux oiseaux?

Par Camille Dufresne

Au cours des dernières années, l’augmentation de la popularité de l’observation des oiseaux dans sa cour a amené sur le marché tout un éventail de produits pour nourrir les oiseaux.

Aux mangeoires, il est cependant préférable de s’en tenir à une nourriture très nutritive surtout en hiver. Le menu de base qui satisfait la plupart des espèces est composé de différentes variétés de graines et de matières grasses. Il faut éviter à tout prix d’offrir du pain ou des restes de table qui ne comblent pas les besoins énergétiques des oiseaux et peuvent les rendre les malades

Aide-mémoire
  • Offrir plusieurs variétés de graines, mais dans différentes mangeoires et non en mélange, évite le gaspillage.
  • Dans l’ordre, les graines préférées des oiseaux sont le tournesol noir, le chardon, le millet et l’alpiste.
  • Répandre sous votre haie de cèdres les restes de graines de vos plateaux. Les oiseaux qui se nourrissent en explorant le pied des buissons pourront s’alimenter tout en restant bien à l’abri, et votre haie profitera de ce paillis improvisé.
  • Vous pouvez offrir le même choix de graines en été qu’en hiver. Seul le maïs est à éviter. Ce grain, surtout quand il est concassé, a tendance à « prendre en pain » dès qu’il est détrempé. Il peut alors héberger des champignons du genre Aspergillus, susceptibles de causer de graves maladies respiratoires chez les oiseaux.
Quelle nourriture offrir aux oiseaux?
Pic mineur, © Denis Fréchette

Les types de graines

Plus d’une vingtaine de types de graines pour oiseaux sont disponibles sur le marché. Comment s’y retrouver parmi tous ces produits, et s’assurer de faire les bons choix?

Tournesol
Tournesol noir, © Camille Dufresne
Tournesol

C’est la graine de tournesol qui vole la vedette aux mangeoires. Si une seule mangeoire est installée dans la cour, c’est l’aliment indispensable. Selon les résultats du projet FeederWatch de l’Université Cornell, plus de 42 espèces d’oiseaux s’en nourrissent (52 espèces pour la graine écalée). Avec une teneur de 20 % en protéines et de 50 % en lipides, son amande possède une valeur énergétique élevée qui sera spécialement appréciée durant les périodes de grand froid.

Les graines de tournesol noir et de tournesol rayé proviennent principalement de l’Ouest canadien. À peu près 85 % du marché de la nourriture pour oiseaux est occupé par la petite graine noire qui est plus facile à décortiquer pour les oiseaux au bec fin. Elle est aussi plus intéressante pour l’acheteur, car l’amande du tournesol noir constitue 70 % du volume alors que celle du tournesol rayé en constitue seulement 55 %.

Le tournesol est aussi une fleur annuelle facile à cultiver. Très appréciée par les insectes pour son nectar, elle attirera les oiseaux à la recherche d’insectes et, surtout, de graines bien mûres : un seul plant peut produire jusqu’à 2000 graines. 

Arachides
Arachides, © Camille Dufresne
Arachides

Le Geai bleu a un faible pour les arachides en écales, comme d’ailleurs 16 autres espèces d’oiseaux. Mais écalées et concassées, elles attireront 27 espèces dont le Cardinal rouge, la Tourterelle triste, les pics, sittelles, mésanges et bruants. Les arachides écalées coûtent relativement cher et ne conservent pas leur fraîcheur très longtemps, mais avec une teneur de 26 % en protéines, 49 % en lipides et 16 % en glucides, c’est un excellent choix en période de grand froid.

Le beurre d’arachide, au coût plus abordable, peut être ajouté à un mélange « énergétique » composé de différents ingrédients (avoine, farine de maïs, graisse végétale), qui attirera autant les oiseaux résidents que les visiteurs occasionnels, comme la Paruline à croupion jaune et le Troglodyte de Caroline.

Chardon
Graines de chardon, © Camille Dufresne
Chardon

Cette graine exotique provient de l’Inde et de l’Éthiopie. Malgré son coût élevé, c’est une nourriture de choix, car son apport est de 18 % en protéines, 35 % en lipides et 23 % en glucides. Plus de 16 espèces d’oiseaux en sont friands, dont les roselins, chardonnerets, tarins, sizerins, mésanges, et même le Bruant familier et le Passerin indigo, qui peuvent fréquenter votre cour si vous offrez cette graine toute l’année. Pour éviter le gaspillage, il faut utiliser une mangeoire silo aux ouvertures très étroites. Un ramasse-graines est conseillé pour éviter que le chardon se ressème et envahisse le jardin.

Maïs
Grains de maïs, © Camille Dufresne
Maïs

Le maïs est riche en glucides (75 %) et son coût abordable en fait un grain intéressant. Mais attention, même s’il peut attirer plus de 27 espèces d’oiseaux, il est préférable de réserver cette nourriture pour l’hiver, car les oiseaux noirs en sont friands et peuvent envahir un jardin en période migratoire, faisant fuir les autres espèces. Le Geai bleu peut aussi semer la pagaille à l’automne, en s’appropriant le maïs qu’il cache en prévision de l’hiver.

Millet
Millet cultivé, © Camille Dufresne
Millet

Différentes variétés de millet sont cultivées comme nourriture pour les oiseaux. Les oiseaux de mangeoires préfèrent le millet blanc. Surtout riche en glucides (72 %), il est très apprécié par plus de 23 espèces d’oiseaux, dont les tarins et sizerins au bec trop faible pour ouvrir facilement l’écale du tournesol. C’est la nourriture préférée des juncos et bruants en migration qui s’attrouperont en grand nombre si vous offrez les graines au sol dans une mangeoire grillagée.

Alpiste
Graines d'alpiste, © Camille Dufresne
Alpiste

Le Canada est le principal producteur mondial d’alpiste avec 90 % de la production concentrée en Saskatchewan. Riche en protéines (15 %), et en glucides (58 %), mais pauvre en lipides (5,5 %), l’alpiste est recommandé pour les oiseaux de volière ayant tendance à faire de l’embonpoint. C’est une graine dont les juncos et les bruants sont friands. À cause de son coût relativement élevé, il est recommandé de l’offrir dans une mangeoire à débit contrôlé conçue pour les petits oiseaux, avec un ramasse-graines pour éviter le gaspillage.

Carthame
Graines de carthame, © Camille Dufresne
Carthame

Cultivé au Canada, le carthame est une graine blanche de forme conique qui possède une enveloppe dure et difficile à décortiquer pour les oiseaux au bec fin. C’est surtout le Cardinal rouge qui en est friand. Il semble que le moineau, l’étourneau et les écureuils n’apprécient guère cette graine, alors que 18 espèces d’oiseaux en consomment. Avec sa teneur de 16 % en protéines, 38 % en lipides et 34 % en glucides, c’est un aliment intéressant à essayer aux mangeoires.

Graines moins intéressantes
Graines de colza, © Camille Dufresne
Graines de moindre intérêt

Colza : Cette petite graine ronde est généralement peu appréciée. Roselins, sizerins, chardonnerets et tarins en consomment à l’occasion. Elle est cultivée au Québec et peut présenter un intérêt, avec ses 42 % de lipides, pour diversifier la nourriture offerte. Attention aux graines qui tombent au sol, car elles peuvent germer facilement même dans la pelouse.

Orge, avoine, blé, sarrasin, lin, sorgho : Ces graines ne sont habituellement pas offertes aux mangeoires. En effet, elles sont très populaires auprès des pigeons, étourneaux et moineaux qui peuvent rapidement s’assembler en grand nombre et devenir indésirables. Les autres espèces granivores les délaisseront en particulier si d’autres choix sont offerts.

Un régime riche en gras

Plusieurs se demandent s’il est important de fournir du gras aux oiseaux, et sous quelle forme? Pour affronter l’hiver, les oiseaux qui fréquentent nos régions doivent trouver une quantité suffisante de nourriture riche en énergie et en éléments nutritifs. Le suif de bœuf répond à ce critère et a une grande valeur nutritive, indispensable à un régime alimentaire hivernal. Plusieurs espèces en raffolent, comme les sittelles, les pics et les mésanges ou encore le Grimpereau brun, le Troglodyte de Caroline et le Pic à ventre roux, des espèces maintenant observées de plus en plus souvent aux mangeoires.

Le suif pur est disponible dans les boucheries. On peut en placer un morceau dans un filet à oignons et le suspendre au jardin. Mais par grands froids, il a tendance à durcir et les oiseaux au bec plus fin auront de la difficulté à se nourrir, tandis que lorsque la température s’élève, il a tendance à rancir.

On trouve dans certains magasins et dans les coopératives agricoles toute une gamme de produits « prêts à manger ». Le plus populaire est le bloc de 11 x 11 cm composé d’un minimum de 30 % de suif et d'un mélange de graines ou de fruits. Il faut rechercher les blocs portant la mention « quatre saisons », qui se conservent bien, sans fondre lorsque le temps s’adoucit. On dépose ce bloc dans un présentoir en forme de petite cage grillagée. Pour protéger et conserver la nourriture, il faut cependant lui ajouter un toit et un ramasse-graines au-dessous.

On trouve aussi dans les livres spécialisés, différentes recettes composées de graines, de céréales, de beurre d’arachide et de gras (suif, saindoux, margarine). Une bûche percée de trous sert de présentoir pour ces pains d’oiseaux. Cette nourriture à base de gras doit être changée régulièrement car elle a tendance à rancir.

Un régime riche en gras
Sitelle à poitrine blanche, © Juliette Samson-Brassard

En savoir plus

Plusieurs articles sur la nourriture à offrir aux oiseaux ont été publiés dans la chronique de Camille Dufresne « Côté cour, côté jardin », disponible en ligne aux abonnés du magazine QuébecOiseaux. En voici quelques-uns : 

Il est aussi possible de trouver différentes recettes simples de pain d’oiseaux que l’on peut préparer soi-même. Suzanne Brûlotte et Gilles Lacroix nous en proposent deux dans Le grand livre pour attirer les oiseaux chez soi.