Mise à jour de la taxonomie eBird 2024

Mise à jour de la taxonomie eBird 2024

 

La mise à jour de la taxonomie eBird entamée ce matin apportera d'importants ajustements pour plusieurs espèces observées au Québec. Ces révisions, basées sur les plus récentes recherches scientifiques, permettront d'affiner la classification des espèces et de mieux comprendre leur distribution.

La « taxonomie » fait référence à la classification des organismes vivants (en espèces, sous-espèces, familles, etc.) basée sur leurs caractéristiques, leur distribution et leur génétique. Les projets du Cornell Lab of Ornithology, y compris eBird, Merlin, Birds of the World et la Macaulay Library, utilisent la eBird/Clements Checklist of Birds of the World. Cette liste est mise à jour chaque année pour refléter les nouvelles découvertes scientifiques, ce qui peut entraîner des divisions ou des regroupements d'espèces en fonction des nouvelles données disponibles.

 

Goéland argenté

Le changement le plus notable pour les observateurs québécois concerne le Goéland argenté, qui sera divisé en quatre espèces distinctes selon la classification eBird :

  • le Goéland hudsonien (Larus smithsonianus) en Amérique;
  • le Goéland argenté (Larus argentatus) en Europe;
  • le Goéland de la Vega (Larus vegae) au nord de la Sibérie;
  • le Goéland de Mongolie (Larus mongolicus) en Mongolie et au nord-est de la Chine.

Toutefois, l'American Ornithological Society (AOS) et l'American Birding Association (ABA) ne reconnaissent pas encore cette division. Pour ceux qui préfèrent la taxonomie de l'AOS, il est possible de choisir la langue «français (AOU) » dans eBird, où ces goélands apparaîtront sous les formes suivantes : Goéland argenté (smithsonianus), Goéland argenté (argentatus), Goéland argenté (vegae) et Goéland argenté (mongolicus).

La scission s'appuie sur des recherches démontrant que les populations de goélands séparées géographiquement ne se croisent pas autant qu'on le pensait. Les adultes de ces espèces présentent des différences subtiles de plumage, mais les jeunes oiseaux sont plus faciles à distinguer selon la région. Bien que le Goéland hudsonien (smithsonianus) soit la forme attendue au Canada, des présences exceptionnelles du Goéland argenté (d’Europe, argentatus) et du Goéland de la Vega (vegae) sont toujours à considérer.

 
Sizerin flammé

Un autre changement important concerne le Sizerin flammé (Acanthis flammea), qui regroupera désormais les Sizerins flammé, blanchâtre et cabaret. Cette décision est basée sur des études génétiques récentes montrant que les différences d'apparence entre les populations sont contrôlées par un « supergène » partagé, et que les populations ne présentent pas de distinctions génomiques significatives ni de preuves d'isolement prolongé. Il sera néanmoins toujours possible de les différencier au niveau de la sous-espèce. Au Québec, les sous-espèces suivantes sont reconnues : Sizerin flammé (flammea), Sizerin flammé (rostrata/islandica), Sizerin flammé (exilipes) et Sizerin flammé (hornemanni).

 
Effraie des clochers

L’Effraie des clochers sera divisée en trois espèces distinctes : l’Effraie d’Amérique (Tyto furcata) en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, l’Effraie orientale (Tyto javanica) en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est et en Australasie, et l’Effraie des clochers (Tyto alba), présente en Europe, en Afrique et en Asie de l’Ouest. 

 
Puffin cendré

Le Puffin cendré, largement observé dans l'Atlantique nord, sera scindé en deux espèces distinctes : le Puffin cendré (Calonectris borealis), qui se reproduit principalement sur les îles de l'Atlantique est, et le Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea), qui niche principalement sur les îles méditerranéennes. Cette séparation est basée sur des différences dans l'ADN, les vocalisations et l'absence d'hybridation entre ces populations.

 

Augmentation globale du nombre d'espèces

Cette mise à jour de la taxonomie apportera également une augmentation notable du nombre total d'espèces. En 2024, on observera un gain net de 128 espèces à l'échelle mondiale, avec l'ajout de 141 espèces grâce aux scissions et la perte de 16 espèces en raison de regroupements. Cela portera le nombre total d'espèces d'oiseaux à 11 145 dans le monde.

Ces révisions témoignent de l’évolution constante de notre compréhension des oiseaux grâce aux progrès scientifiques. Les observations seront automatiquement mises à jour dans eBird pour intégrer ces nouvelles classifications, facilitant ainsi le suivi des espèces et la conservation de la biodiversité.

 
Pour accompagner cette mise à jour de la taxonomie, Birds of the World sera exceptionnellement accessible gratuitement afin de permettre aux passionnés d'ornithologie d'explorer en profondeur les espèces et leur classification. L'accès libre à BOW sera disponible du 23 octobre à 12 h au 28 octobre à 11 h 59.

 

Photo : Goéland hudsonien © Daniel Jauvin


 
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