La pollution lumineuse

Par Suzanne Pellerin (COBM)

 

La pollution lumineuse consiste en l'utilisation excessive, intrusive, gênante de la lumière artificielle nocturne. Elle altère les cycles naturels de la lumière et, par conséquent, a des impacts sur la faune, la flore, les écosystèmes. Quand on parle de pollution lumineuse, on déplore le voilement des étoiles, la désynchronisation du jour et de la nuit, la perception altérée de l'environnement.

 

 

La pollution lumineuse
Ciel étoilé avec pollution lumineuse à l'horizon © Martin Mark
Pollution lumineuse - section 2
Pollution lumineuse au dessus d'un lac © Sean Liu

Les impacts sur les oiseaux

Un éclairage en hauteur, de forte intensité, de couleur froide tel le blanc et orienté vers le ciel rend les oiseaux vulnérables : perturbation du rythme biologique, difficulté à se prémunir contre les prédateurs, épuisement à fuir les halos lumineux vers lesquels ils sont attirés, collisions contre les structures éclairées, repérage par rapport aux étoiles compromis et déviation de leur trajectoire migratoire. 

Un éclairage de forte intensité affecte aussi la recherche de la nourriture pour les oiseaux de proie nocturnes et les insectivores dont les proies meurent sur les lampadaires. 

On sait maintenant que le calendrier de reproduction est affecté : la perception de l’aube est perturbée et l’activité territoriale de chant est anticipée. La reproduction printanière est hâtive pour certains oiseaux, les exposant au froid et à la rareté de la nourriture. Les études cependant sont encore à départir les hypothèses et les certitudes quant aux impacts soit positifs, soit négatifs, et certains parlent d’adaptabilité des espèces.

La pollution lumineuse, comment se mesure-t-elle?

Le Bureau de normalisation du Québec a mis en place des normes environnementales afin de contrôler la pollution lumineuse. Il fait intervenir quatre facteurs : la durée d’utilisation, la direction du faisceau lumineux, la quantité de lumière émise et la chaleur de la lumière (sa composition spectrale). Plus le degré est bas, plus la lumière est dite chaude. À titre d’exemple, le rouge orangé d’une bougie se situe à environ 1800oK (Kelvin) et un flash d’appareil photo va jusqu’à 7000oK (blanc froid bleuté).

 

Source: Educauto.org

Les bonnes pratiques à adopter

Certains ornithologues proposent de créer des corridors de noirceur et des périodes sans éclairage nocturne en période migratoire. Il est possible cependant de minimiser la pollution lumineuse autour des maisons, dans les parcs et les sentiers récréotouristiques en adoptant quelques bonnes pratiques. 

  • Éteindre les luminaires après les heures d'activité. Utiliser un éclairage doté d’une minuterie ou d’un capteur de mouvement pour limiter l’éclairage à sa période d’utilisation utile.
  • Installer des éclairages à hauteur relativement basse. Éclairer vers le sol, de sorte que l’espace éclairé soit le plus restreint possible. 
  • Choisir un éclairage de faible intensité. Utiliser un éclairage LED dimmable. En hiver, un éclairage de faible intensité permet d’éviter que la neige ne reflète trop de lumière vers le ciel. Limiter le niveau d’éclairement à celui de la pleine lune (au plus 1 lux). Un niveau d’éclairement de 5 lux est suffisant pour se déplacer (le nombre de lux étant le nombre de lumens / mètre2).  
  • Tenir compte de la température de la couleur lors du design d’installations permanentes d’éclairage. Il est préférable de programmer un éclairage de couleur chaude (de 2000 à 3000 K), du moins près des habitats. Favoriser des ampoules rouges ou ambres à l’extérieur des maisons.

 

Pollution lumineuse - bonnes pratiques
© Timo Newton-Syms

En savoir plus

Les normes et recommandations gouvernementales encadrant la pollution lumineuse ainsi que de nombreux guides techniques sont accessibles aux municipalités, aux organismes et aux citoyens. Nous sommes donc tous en mesure de faire des choix éclairés en matière d’éclairage domestique écoénergétique afin de minimiser les impacts de la pollution lumineuse sur la faune aviaire.

Pour en savoir plus, consultez les sites suivants :

 

L'auteure tient à remercier Séverine Clause, agente de Protection de la RICEMM et Jean-Jacques Lombard, spécialiste en systèmes de puissance AC Solar Systems, pour leur contribution à cet article.